13/06/2012

Le tweet de Trierweiler, l'agitation pour rien

"Vaudevillesque", "ubuesque", "ridicule" : depuis hier, les adjectifs pleuvent pour qualifier ce que les commentateurs ayant un penchant pour le dramatique surnomment déjà le "Trierweilergate".

Pour certains, l'épisode signe la fin de la "présidence normale". Pour d'autres, il est la preuve par a+b que cette "normalité" a toujours été une stratégie de communication plus qu'une vraie direction politique. Ainsi, les nouveaux locataires de l'Élysée ne seraient pas bien différents de leurs expansifs prédécesseurs.

Symbole d'une inédite et progressiste indépendance de la Première dame par rapport à son président de mari ou faux-pas politicien ? Valérie Trierweiler, qui entend bien ne pas être une compagne- pot de fleur à la Bernadette Chirac, s'était récemment évertuée à publiquement remettre en question le poussiéreux rôle de First Lady. Une fonction qui serait à revoir, puisque 1. les Français choisissent un Président de la République, pas un couple présidentiel, 2. la Constitution ne codifie de toute façon pas le rôle du conjoint de l'élu, 3. il faut désenchanter ce statut pour le moment abandonné à l'aura élyséenne (l'hyperprésidence accule la compagne dans une posture de femme hyper médiatisée).

Mais alors, quand Valérie Trierweiler encourage publiquement sur Twitter le candidat dissident Olivier Falorni, opposant de Ségolène Royal, pourtant soutenue par François Hollande (à tord, si l'on considère que le nouveau président avait promis de ne pas s'immiscer dans les affaires internes du PS ?), dans quelles eaux baigne t-on ? A-t-on affaire à la rivalité d'une femme pétrie de jalousie par rapport à la première femme de son compagnon, comme aiment à le penser Sud Ouest et son article honteusement racoleur dans lequel un psychanalyste disserte tristement de "triangle amoureux" ? Ou la preuve honnête de l'indépendance d'esprit de cette Première dame un peu farouche "n'en déplaise à l'image de l'Élysée", celle-là même qui va jusqu'à prétendre vouloir garder son métier pour conserver sa liberté financière, à l'instar de toutes ces femmes émancipées que le monde moderne enfante ?

Quoiqu'il en soit, cette "première gaffe de France" (comme l'appelle Libération) ne méritait pas tout ce tintamarre médiatique. L'événement réactive tout au plus le débat autour du rôle que la République devrait laisser ou non à sa Première dame... mais devrait rester ce qu'il est à l'origine : un anecdotique mouvement en marge des affaires publiques. Point.

Pourtant, à voir la profusion de Unes consacrées à l'affaire du" tweet mal placé", le lecteur (et citoyen) est en droit de se demander si les médias ne seraient pas les petits soldats de cette peoplisation du politique que tout le monde se plaît tant à décrier. À quand une remise en question de l'agitation médiatique démesurée ?







Aucun commentaire: